Au mois d’avril 2024, une proposition de loi visant à réguler l’usage des écrans en présence des enfants de moins de 3 ans a été déposée par deux députés. Il y est recommandé que les enfants de moins de 3 ans n’aient aucun accès aux écrans numériques (téléphones, tablettes et télévisions) lorsqu’ils sont gardés en crèche ou par une assistante maternelle. Une proposition que nous soutenons et une tolérance zéro déjà mise en place au sein de nos structures.
Pour commencer, il est important de comprendre que ce n’est pas l’écran en soi qui est dangereux ou problématique, mais plutôt son utilisation excessive ou inappropriée. Le temps passé devant les écrans par les enfants est destiné à évoluer et à augmenter avec l’âge.
Les enfants et les écrans : la règle du « 3-6-9-12 »
Avez-vous remarqué à quel point les tout-petits sont irrésistiblement attirés par les écrans ? Cela s’explique par le fonctionnement de leur cerveau.
Les développeurs numériques utilisent leurs connaissances des mécanismes cognitifs pour créer des produits toujours plus attractifs et addictifs : luminosité qui capte l’attention, couleurs vives et attrayantes, prise en main facile, etc. Les tout-petits, particulièrement sensibles à la lumière et aux couleurs, en sont donc naturellement attirés.
Il est donc important de suivre la règle du « 3-6-9-12 » du psychiatre Serge Tisseron :
- « Pas d’écran avant 3 ans » : ils sont à éviter le plus possible car l’enfant à cet âge ne gagner rien à les utiliser.
- « Pas de console avant 6 ans » : car le jeu risque d’accaparer l’enfant au détriment d’autres activité essentielle à son développement.
- « Pas d’internet avant 9 ans et jamais seul jusqu’à 12 ans »
Les dangers des écrans pour les enfants
Impact sur le sommeil
La lumière bleue émise par les écrans a un impact négatif sur le cerveau, notamment en empêchant la production de mélatonine, l’hormone qui favorise l’endormissement. Cette perturbation de l’horloge biologique retarde et trouble le sommeil.
Or, chez les jeunes enfants, le sommeil est crucial car c’est pendant ces phases qu’ils assimilent la majorité des apprentissages de la journée.
Répercussions sur la croissance
La lumière bleue affecte également la production de l’hormone de croissance, sécrétée principalement pendant le sommeil. Ainsi, si le sommeil est perturbé, la croissance de l’enfant peut en être impactée.
Problèmes de vue
Une exposition prolongée à la lumière bleue entraîne une fatigue visuelle, provoquant des troubles de la vision à court terme, des migraines, et à long terme, des myopies (difficulté à voir de loin).
Passivité induite par les écrans
Les enfants restent immobiles devant les écrans. Or, les enfants de moins de 3 ans ont besoin de bouger pour explorer leurs capacités motrices comme ramper, marcher, sauter et courir. Captivés par les écrans, ils deviennent inactifs, ce qui entrave le développement de leur rapport à la gravité, leur équilibre et leur schéma corporel.
Problèmes de concentration
Bien qu’inactifs physiquement, les enfants sont surstimulés au niveau neuronal. Un enfant de moins de 3 ans a un cerveau encore trop immature pour gérer le flux constant d’informations et d’images émis par un écran. Ce qui peut rendre le cerveau paresseux et limiter la capacité d’attention nécessaire aux apprentissages.
Difficulté d’apprentissage
Pour apprendre, un enfant a besoin de se concentrer, mais les écrans impactent cette capacité d’attention. De plus, les tout-petits apprennent par leurs sens (l’ouïe, la vue, l’odorat, le toucher et le goût). Devant un écran, ces sens restent passifs.
Par exemple, un enfant peut voir une orange à l’écran, mais ne peut pas la manipuler, découvrir son odeur, sa texture ou sa forme en la faisant rouler entre ses doigts. Ce qui limite une connaissance complète et sensorielle.
Imagination appauvrie
Les contenus proposés par les écrans sont souvent pauvres en stimulation imaginative. Ils n’encouragent pas le développement de l’imagination de l’enfant.
Une enquête menée en 2006 par deux médecins allemands, reprise par l’INSERM, montre la différence dans les dessins de bonhommes réalisés par des enfants en fonction du temps passé devant la télévision. Les enfants les moins exposer aux écrans produisent des dessins plus riches et détaillés

Socialisation et langage
Absorbés par les écrans, les enfants ne communiquent pas. Cela impacte directement leurs interactions sociales et l’acquisition du langage. Isolés devant les écrans, les enfants ne développent pas leurs interactions sociales. Ils ne font pas d’efforts pour enrichir leur vocabulaire et mieux se faire comprendre des autres.
Agressivité
Un enfant qui ne communique pas a du mal à se faire comprendre. Ce qui peut entraîner des frustrations et altérer sa capacité à gérer ses émotions. De plus, en fonction des contenus proposés, les écrans peuvent banaliser certaines formes d’agressivité, l’enfant reproduisant ce qu’il voit.
Prendre conscience et introduire les écrans progressivement
Les écrans occupent une place de plus en plus importante dans notre quotidien et les enfants grandissent entourés par leur présence. Il ne s’agit donc pas de les diaboliser.
Il est crucial de prendre conscience de leur impact et de les introduire progressivement en respectant ces règles :
- La règle des 4 pas : Pas d’écrans le matin, pas pendant les repas, pas avant de dormir et pas dans la chambre
- Une règle de surveillance : Chronométrer le temps passé devant les écrans, installer un contrôle parental, et vérifier les contenus proposés.