Bien que souvent présente dans le milieu de la petite enfance, la morsure chez l’enfant fait partie intégrante, mais temporaire, de son développement. Pourquoi mord-il ? Comment réagir et agir ? Comment prévenir ? Nous allons tout vous dire !
Est-ce volontaire de sa part ?
La morsure chez le jeune enfant est un acte non volontaire, non intentionnel, impulsif et non raisonné. Ce geste, tous comme les griffures et les coups, ne sont pas des actes de violences ni de méchanceté. Un jeune enfant n’a donc pas l’intention ni la compréhension de faire mal à l’autre !
Si la morsure est aussi récurrente chez le tout-petit, c’est en partie parce que la bouche est pour l’enfant un organe de découverte du monde qui l’entoure, un peu comme une troisième main.
La morsure est souvent une décharge brutale d’une tension, d’un malaise intérieur, d’une frustration qui submerge l’enfant, qu’il ne comprend pas lui-même et qu’il ne sait pas encore exprimer par des mots.
Ces actes peuvent avoir plusieurs raisons et origines. Les raisons les plus courantes qui déclenchent la morsure d’un enfant sont :
- une recherche d’attention ou de contenance de la part du monde qui l’entoure.
- un manque de moyens de communication pour exprimer des besoins/inconforts (douleurs dentaires par exemple).
- une immaturité émotionnelle qui conduit l’enfant à être submergé par ses émotions.
- ou encore une immaturité motrice et cognitive qui empêche l’enfant de réguler ses impulsions.
Pour quelles raisons l’enfant mord-il ?
Un enfant peur mordre :
- Par amour : Il aime tellement l’autre qu’il veut presque l’incorporer, « l’ingérer ». La « morsure d’amour » est très fréquente chez les bébés jusqu’à 12-15 mois.
- Par jeu : Il ne se rend pas compte de sa force, et mord lors des moments de jeu.
- Par découverte : L’enfant découvre son environnement par la bouche. L’oralité jouant un grand rôle dans les apprentissages et le développement de l’enfant, il peut mordre pour expérimenter les textures, les goûts, les effets…
- Parce qu’il ne sait pas s’exprimer autrement : Un jeune enfant n’a pas forcément le vocabulaire ou la capacité de s’exprimer sur une émotion, une situation… La frustration provoquée amènera la morsure.
- Par colère/contrariété : L’émotion (positive comme négative) est plus forte, elle envahit tout, il ne sait plus la « contrôler », et mord.
- Pour se libérer des tensions : L’enfant accumule émotions, contrariétés, stress… et il mord pour se délester de tout cela. Une tentative de communication maladroite avec l’autre (à savoir que plus la parole va se développer, moins l’enfant aura besoin de mordre pour s’exprimer ou entrer en communication).
Comment réagir lors d’une morsure ?
Sur le plan individuel
Il est nécessaire, dans un premier temps, de consoler l’enfants mordu et de lui prodiguer, si besoin, les soins habituels tout en mettant des mots sur ses émotions : « Tu pleures, tu as sans doute eu mal et a été surpris. Montres moi la marque que tu as sur le bras ».
Puis, dans un second temps, accompagner l’enfant qui a mordu. Pour cela inutile de le gronder, de l’isoler ou de le forcer à dire pardon. L’enfant qui a mordu a, bien au contraire, besoin d’une personne pour l’apaiser et pour mettre des mots sur ce qui vient de se passer. Il est tout simplement nécessaire de lui rappeler les règles « il est interdit de mordre, de taper, de griffer » et de lui proposer des alternatives possibles. Il peut être nécessaire également de privilégiez le « stop » plutôt que le « non » afin de rendre le message plus clair pour le tout-petit.
Sur le plan collectif
Séparer les enfants reste la règle d’or de la collectivité. En effet, plus le nombre d‘enfants dans un même espace est important, plus le risque de morsure et d’autres manifestations d’agressivité s’accroit. Attention à ne pas stigmatiser l’enfant au regard du reste du groupe, des professionnels, mais également aussi auprès des familles.
Comment prévenir la morsure de l’enfant ?
Il est nécessaire et possible d’anticiper la morsure ! Pour cela, l’observation de l’enfant est primordial, car le tout petit va nous adresser des signes précurseurs d’inconfort ou de nervosité avant de se mettre à mordre ou à taper un autre enfant. Lorsque vous sentez que l’enfant devient trop excité, agité… il ne faut pas hésiter à lui proposer une nouvelle stimulation/activité pour capter son attention.
De plus, afin de lui proposer un moment de détente, un câlin peut être le bienvenu. Celui-ci va en effet produire chez lui la sécrétion naturelle et spontanée de l’ocytocine, l’hormone de l’attachement. Cet anti-stress naturel va favoriser chez l’enfant un sentiment de bien-être.
Vous pouvez aussi solliciter et valoriser l’enfant via des tâches simples. Lui demander d’aller vous chercher telle ou telle chose par exemple, va donner à l’enfant ce sentiment d’aide, d’autonomie et de responsabilité. Des choses simples qui ont un grand effet sur les enfants !
Article réalisé par Angélique PELTIER – Directrice, Infirmière aux Coloriés