L’enfant est un être de sens. Il découvre le monde qui l’entoure au travers d’expériences sensorielles. Les ateliers de manipulation et de transvasement vont de pair et sont un très bon exemple de ces expérimentations qui deviennent des apprentissages ludiques au travers du jeu e permettent de développer la motricité fine.
Développer la motricité fine grâce au transvasement
Au cours de son développement, l’enfant va grandir, apprendre et expérimenter en passant par différentes phases. L’une d’elles, après l’acquisition d’une motricité générale telle que le fait de se mouvoir dans son environnement, est d’essayer d’être de plus en plus précis. C’est alors que l’enfant va manipuler les objets afin de les déplacer, de les ranger, de les cacher, …
Autour d’un an, les enfants s’intéressent beaucoup au principe vider/remplir, c’est alors que le transvasement tient toute sa place et son intérêt pédagogique. Dans cette recherche de précision il va commencer par pointer du doigts les choses (entre 9 mois et 1 an en moyenne), c’est ainsi qu’il va, à l’aide de ses doigts, préciser l’objet de son intérêt. Une fois qu’il aura compris qu’il peut utiliser ses doigts de façon dissociée, contrairement aux premières tentatives de préhension avec la main complète, il va acquérir une certaine motricité dite fine et utiliser la pince pouce/index afin de saisir de petits éléments.
A la crèche, nous allons donc, pour accompagner cette phase de développement et permettre aux enfants d’expérimenter cette motricité fine, proposer des ateliers de manipulation et de transvasement. Lors de ces ateliers, les enfants peuvent à la fois « travailler » la pince pouce/index, mais également la précision de leurs gestes en essayant de transvaser le contenu d’un objet dans un contenant d’une autre forme ou d’une autre taille. Par exemple, transférer du riz d’un bol à une bouteille. Cela va lui demander de la concentration et de la dextérité afin de faire passer le riz du bol dont l’ouverture est large au goulot de la bouteille dont l’ouverture est beaucoup plus restreinte.
L’importance de répéter et de varier les ateliers
La répétition de ses actions va lui permettre d’affiner son geste et de trouver des techniques afin d’arriver à son but. Il est important d’encourager ses expériences en valorisant les tentatives, qu’elles soient fructueuses ou non, et l’envie, le besoin d’accomplissement de l’enfant. Les premiers essais sont très souvent imparfaits, le contenu tombe à côté, le geste est rapide, mais au fil des propositions de ce type d’ateliers, les enfants se posent et prennent le temps d’étudier les outils et ustensiles qui sont mis à leur disposition.
C’est impressionnant et à la fois satisfaisant de voir que les enfants sont volontaires pour participer aux ateliers de transvasement et voir comment ils se répartissent autour du matériel, chacun de son côté, calmement. C’est un temps d’apaisement pour tous et d’expériences.
Les expériences faites et assimilées, l’apprentissage est intégré et peut être réutiliser dans l’accomplissement de gestes du quotidien comme pour la cuisine en versant les ingrédients d’un gâteau dans un saladier par exemple. Afin de faire sans cesse évoluer l’enfant, les ateliers peuvent varier en proposant un contenu différent, et ainsi permettre à l’enfant d’adapter sa technique, comme avec de l’eau. Encore une fois les outils mis à disposition des enfants permettront de le faire réfléchir quant à la technique à employer : imbiber un tissu pour un liquide, une cuillère pour de la farine, un bol pour du riz.
Les bienfaits, au delà de la motricité fine
En plus de peaufiner leur motricité fine, les enfants explorent et jouent avec des principes de physique : absorption, liquide non newtonien (avec la pâte à patouille), avec la musicalité en écoutant le bruit des grains de pois chiche, de semoule dans un contenant plus ou moins grand (comme des maracas ou un bâton de pluie).
Pour les plus grands dans les premiers apprentissages de l’écriture, cela permet aussi d’apprendre à tracer. On commence les mathématiques également en demandant un nombre de cuillères de sable ou d’eau et on associe dextérité et couleur en demandant d’attraper le grain de riz d’une couleur en particulier.
Article de Céline MEGALOPHONOS – Directrice Educatrice de jeune enfant aux Coloriés